Édition du 23 Mai 2015

PAR ÉTIENNE PLAMONDON ÉMOND

De 2004 à 2009, le déclin du secteur manufacturier a fait perdre près de 4 000 emplois à Magog. Mais la ville de 27 000 habitants s’est relevée. Afin d’attirer des entrepreneurs, elle a décidé de devenir un laboratoire pour les technologies destinées à la ville intelligente, tout en accompagnant en parallèle les petites entreprises réutilisant les bâtiments laissés vacants du parc industriel.

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Le lac Memphrémagog, le mont Orford, l’ambiance familiale d’une petite ville : ce cadre de vie serein a motivé David Hurtubise à déménager son entreprise, HB Pictures, à Magog. Fondée à Sherbrooke, cette PME est spécialisée dans les effets spéciaux et les animations 3D.

L’accès plus rapide en voiture vers Montréal, terreau des artistes dans le secteur numérique, a aussi pesé dans la balance. Mais il y a plus : 25 entreprises du secteur des technologies de l’information et des communications (TIC) se sont installées dans cette ville de l’Estrie au cours des 18 derniers mois. En 2014 seulement, 70 nouveaux emplois ont été créés dans ce secteur. Et ce n’est pas dû au hasard.

Attirer les entreprises technologiques

En 2011, la ville de l’Estrie a créé un nouvel outil de développement économique : Magog Technopole. La région venait tout juste de subir l’effondrement de son industrie manufacturière, dont les piliers étaient le textile, l’automobile et l’imprimerie.

Élue mairesse de Magog en 2009, Vicki May Hamm s’est donné comme mission de diversifier l’économie. Elle s’est attaquée à deux fronts : trouver des entreprises souhaitant reprendre les bâtiments laissés vacants dans le parc industriel, d’un côté, et stimuler au coeur de la ville le développement des entreprises dans le domaine des TIC, de l’autre.

Comme ce dernier secteur d’activité suscite la convoitise de nombreuses régions, la municipalité a investi 500 000 $ au départ afin de mener des études de marché et une réflexion pour trouver un créneau. «On n’associe pas nécessairement d’emblée les TIC à la ville de Magog, soulève André Métras, directeur général de Magog Technopole. Il y avait tout un travail à faire pour se donner notre propre identité et voir comment on pouvait attirer les entreprises technologiques.»

Les TIC «vertes» ont été déterminées comme un axe porteur. Mais surtout, «on a décidé d’offrir un laboratoire urbain aux entreprises», explique Vicki May Hamm. Par exemple, comme la municipalité est propriétaire de son propre réseau électrique par l’intermédiaire d’Hydro-Magog, elle permettra aux entreprises sur place de tester des solutions d’éclairage intelligent.

«C’est beaucoup plus facile pour nous d’offrir un accompagnement et un laboratoire urbain que ce ne l’est pour une trop grosse ou une trop petite ville, croit Mme May Hamm. Tous les services sont là, mais on préserve l’échelle humaine. Puis, c’est relativement facile de faire un maillage entre les entreprises et nos équipes.»

Dans son plan d’action triennal, Magog Technopole s’engage à favoriser chaque année trois projets-pilotes associés à la ville intelligente. «Pour les entreprises, avoir accès à une ville qui veut devenir intelligente devient un « sprint » technologique fort intéressant», dit M. Métras.

Tous droits réservés © (Photo – Stéphane Lemire) Le lac Memphrémagog, le mont Orford et l’ambiance familiale d’une petite ville ont motivé David Hurtubise à déménager son entreprise, HB Pictures, à Magog.