Depuis que Cogeco a fait l’annonce qu’un réseau WiFi gratuit était maintenant disponible au centre-ville, j’ai reçu quelques courriels et appels téléphoniques de citoyens et même de personnes de l’extérieur qui affirment souffrir d’électrosensibilité.
Je sais que certaines personnes se sont regroupées afin d’attirer l’attention du public et des élus sur cette question. J’ai beaucoup de sympathie pour les personnes qui souffrent de cette sensibilité aux ondes et d’admiration pour celles qui portent une cause et qui ont le courage de leurs convictions. Ayant moi-même milité pour plusieurs causes qui me tenaient à coeur, je suis d’accord sur le fait qu’il est important de débattre de certaines questions sur la place publique.
Les membres du conseil municipal sont d’ailleurs conscients de la situation que vivent certains citoyens particulièrement sensibles aux ondes. Nous savons également que les sources de champs électromagnétiques sont nombreuses et qu’il y en a pratiquement partout : cellulaires, appareils électroménagers, ampoules fluo compactes, lignes haute tension, ordinateurs Bluetooth, terminaux de paiement sans fil, micro-ondes, radars et bien plus. Comme nous n’avons pas les connaissances suffisantes pour porter des jugements en la matière, nous devons nous fier aux experts qui malheureusement ne s’entendent pas entre eux sur cette question. Tous sont toutefois d’accord sur le fait que 2 ou 3 % de la population est affectée par les ondes. Certains experts l’expliquent comme une sorte d’allergie et d’autres comme un problème grandissant qui va affecter encore plus de personnes au fil du temps. Qui dit vrai ? Comment savoir si l’être humain saura s’adapter ou si, au contraire il développera encore plus d’intolérance ou de maladies connexes ? Comme il s’agit d’un phénomène assez récent, nous ne pouvons qu’espérer que des recherches prochaines pourront nous en apprendre davantage et nous éclairer.
En tant qu’élu, notre devoir est de prendre des décisions dans l’intérêt collectif soit, du plus grand nombre de personnes possible. D’après les données actuelles, nous pouvons déduire que la santé de plus 95 % de la population n’est pas affectée par les ondes et que ces mêmes personnes sont très satisfaites d’avoir un plus grand accès gratuit au réseau Internet sans fil. Ce service a d’ailleurs été réclamé par plusieurs, entre autres lors de la planification stratégique, et nous l’avons identifié comme piste d’action à court terme dans le processus de revitalisation du centre-ville. C’est également une étape vers un de nos objectifs qui est que Magog devienne une «ville intelligente». Il est le fruit d’une collaboration étroite entre Magog Technopole, Cogeco et la Ville de Magog et nous sommes fiers du résultat, car il profite à la fois aux commerçants, aux visiteurs et aux citoyens.
Cela dit, comme la qualité de vie est importante à Magog, voire notre marque de commerce, nous sommes très sensibles aux arguments contre ce certains qualifient de «pollution» et leur impact sur leur qualité de vie. Ainsi, nous avons pris soin de nous assurer que le projet de WiFi au centre-ville soit conforme aux normes de Santé Canada. Nous avons également octroyé un budget pour demander une expertise externe et neutre afin d’avoir un portrait clair de la situation à Magog. Je me suis aussi personnellement engagée à porter le dossier à l’UMQ afin qu’on puisse obtenir le plus d’avis possible sur le sujet et que les élus soient mieux outillés pour prendre des décisions.
De plus, des propositions intéressantes ont été faites par des citoyens comme par exemple, de créer des zones sans ondes ou «zones zen» ou d’installer des bornes pour se connecter dans les parcs plutôt que d’utiliser les réseaux sans fil. Ces suggestions seront analysées au cours du processus de révision de notre plan d’urbanisme, car le bien-être et la santé de tous nos citoyens sont une priorité.
En terminant, j’aimerais offrir une explication à ceux qui voient une incohérence entre la décision d’offrir le Wi-Fi gratuit au centre-ville et celle de mettre un moratoire sur l’installation des compteurs intelligents. Dans le cas des compteurs électriques, comme il s’agit du confort au foyer, nous avons statué que, dans la mesure du possible, les citoyens devaient avoir le droit de choisir. Par contre, comme le projet du centre-ville vise l’espace public, nous avons pris la décision de favoriser la majorité.
De plus, dans le cas des compteurs intelligents, nous avons une opportunité d’expérimenter une nouvelle technologie qui n’émettrait pas d’ondes et permettrait des actions pour réduire notre consommation électrique. Ce qui va totalement dans le sens de nos travaux pour que Magog devienne une ville intelligente. C’est-à-dire de connecter le compteur électrique directement à la fibre optique et de mettre en place un système à distance.
En conclusion, soyez assurés que nous allons analyser la situation plus à fond et approfondir nos connaissances afin d’envisager des solutions pour remédier aux problèmes qui seront identifiés.
J’espère que ces quelques lignes sauront rassurer les personnes électrosensibles et les militants qui sont contre la prolifération des ondes auxquelles, il faut bien l’avouer, il est difficile d’échapper si nous voulons suivre l’évolution des technologies et, par le fait même offrir à nos citoyens un milieu de vie et de travail qui répond à leurs besoins.
Vicki May Hamm, mairesse, Ville de Magog